l'usage du monde — le dehors


Cette création : projection performée de Laurent Pichaud, accompagné de Najibullah Mohammadi et Sharif Saidi, est une commande du far°, festival des arts vivants.
Elle sera présentée dans la petite salle du théâtre de L'Usine, Nyon, les 18, 19 et 20 août prochains à 21h.

Billeterie : +41 (0)22 365 15 50

 

Najib Mohammadi et Sharif Saidi sont deux jeunes afghans.
Arrivés en Suisse en novembre dernier, durant l'automne "migrant" que l'Europe a connu et qui se prolonge encore, ils sont aujourd'hui des requérants : en attente d'un statut de réfugiés qui leur permettrait de rester en Suisse.
Lors de l’un des ateliers du jeudi organisés par le far°, ils rencontrent Laurent Pichaud. Le chorégraphe identifie alors une coïncidence troublante : l'itinéraire qu'ont parcouru Najib et Sharif pour arriver en Suisse, à travers l'Iran, la Turquie et les Balkans, est le même que celui que Nicolas Bouvier a emprunté il y a plus de 60 ans, en sens inverse, et qui a fait l'objet de son livre L'usage du monde.
C'est à l'usage troublé, contemporain et migrant du monde que ce projet fait écho.



document autour du projet :
 

extrait du Journal de création :

vendredi 15 avril 2016

Najib et Sharif arrivent. Les retrouvailles avec eux sont joyeusement humaines. Il faut juste reprendre un peu la patience de la communication : anglais, français, franglais, répéter, dire autrement... On fait le point planning avec Annabel qui prend en notes pour eux les dates et horaires. Mais ils ne veulent pas encore choisir les horaires pour le mois de mai : c’est trop tôt pour eux… (Dans le regard de cette réponse, pour la première fois je sens l’épée de Damoclès au-dessus d’eux. Où seront-ils au mois de mai ?)
Le temps de regrouper caméra et papier (affiches qu’Annabel nous procure pour dessiner) et on partira vite dans la salle réservée par Annabel aujourd’hui. Elle nous y accompagne et file prendre son train.
On restera une bonne heure et demi. 
Je filmerai à peu près toutes les situations proposées. Le but étant de produire des images mais aussi des dessins-posters qui pourraient servir pour la performance :  
faire un autoportrait les yeux fermés

dessiner l’autre les yeux fermés

dessiner un endroit d’Afghanistan qu’ils aiment (mais cela ne les inspire pas…)

— me dessiner en train de danser

— dessiner Sharif en train de danser

dessiner le masque de l’autre en posant une feuille de papier sur son visage
Je me rends compte que j’aime filmer leurs mains tâtonnantes. Et aussi leurs visages au travail : concentration, ou visages cachés, révélés, par l’autre.
Je ne sais pas encore du tout ce que je suis en train de générer, ni ce que je pourrai en faire ou pas. Chaque chose entendue de leur part, chaque commentaire essaie de se frayer un chemin dans mon imaginaire au travail.